Commune Rugombo : Perception des taxes communales

Le recrutement des jeunes percepteurs a sauvĂ© la santĂ© financiĂšre de la commune et a accru l’autonomisation des jeunes

Jadis rĂ©servĂ© aux employĂ©s de la commune, le travail de percepteur de taxes communales est aujourd’hui confiĂ© aux jeunes. Parmi ces derniers figurent ceux qui ont terminĂ© leurs Ă©tudes mais sans emploi. Les finances communales sont au beau fixe et les responsables de cette commune sont satisfaits des prestations de ces jeunes qui, Ă  leur tour, ont pu rĂ©aliser leurs propres  projets de dĂ©veloppement. Le rĂ©sultat atteint est le fruit des actions de plaidoyer menĂ©es auprĂšs de l’administration locale par les jeunes rĂ©unis dans le comitĂ© de veille « Akadacika ». 

Firmin HABUMUREMYI, Conseiller chargĂ© des affaires administratives et sociales dans la commune Rugombo de la province Cibitoke, affirme que les bĂ©nĂ©ficiaires du projet ont jouĂ© un rĂŽle trĂšs important en matiĂšre de collecte des taxes et impĂŽts communaux. « Avant l’insertion de ces jeunes dans la collecte des taxes communales, la situation financiĂšre de notre commune n’était pas bonne. Le travail de perception des taxes Ă©tait confiĂ© aux employĂ©s de la commune. Le service de la comptabilitĂ© ne parvenait pas Ă  percevoir la taxe Ă  laquelle il s’attendait.

Lors de notre descente sur terrain, nous avons rĂ©alisĂ© que parmi les anciens percepteurs certains dĂ©tournaient le montant collectĂ©. En collaboration avec le service de la comptabilitĂ©, nous avons pris la dĂ©cision de recruter les jeunes qui ont suivi les formations dans le cadre du projet lobbying et plaidoyer. Nous avons ensuite Ă©changĂ© avec les jeunes et leur avons montrĂ© l’importance d’une bonne collecte des taxes et impĂŽts pour la commune et pour eux-mĂȘmes. Depuis qu’ils sont recrutĂ©s par l’autoritĂ© communale, il y a eu une nette amĂ©lioration et les rĂ©sultats sont palpables : les employĂ©s de la commune Rugombo touchent rĂ©guliĂšrement leur salaire mensuel. Aussi, certains projets de dĂ©veloppement qui nĂ©cessitaient un budget significatif ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s et cela suivant le plan annuel d’investissement Ă©laborĂ© par la commune.

Les jeunes ont bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien de l’administration
« Les jeunes ont Ă©tĂ© appuyĂ©s et accompagnĂ©s au dĂ©but », a renchĂ©ri Firmin HABUMUREMYI qui a en outre fait savoir que dĂšs le dĂ©but de prestation de ces jeunes, l’autoritĂ© communale a signifiĂ© aux contribuables qu’une nouvelle Ă©quipe de prĂ©cepteurs de taxes communales a Ă©tĂ© mise en place. « Lors de nos descentes, nous avons fait un constat amer : la population nous a rĂ©vĂ©lĂ© qu’au lieu de payer les 300 Fbu reconnus, les contribuables payaient 200 Fbu et on ne leur remettait pas de quittance. Tout cet argent rentrait dans les poches d’anciens percepteurs et en mĂȘme temps, ils touchaient leur salaire. La population a Ă©tĂ© contente de voir ces nouveaux visages qui venaient changer les choses pour le bien de la commune et du pays ».

En guise de reconnaissance du travail louable rendu, ces jeunes perçoivent une somme proportionnelle au montant collectĂ©. Cette rĂ©munĂ©ration leur a permis de rĂ©aliser des projets de dĂ©veloppement et leur mode de vie a sensiblement changĂ©. Certains d’entre eux ont fondĂ© leurs foyers, d’autres ont achetĂ© des parcelles ; certains ont investi dans le petit commerce. Il a terminĂ© en adressant ses remerciements Ă  l’endroit de ceux qui ont initiĂ© le projet qui a Ă©tĂ© d’une utilitĂ© indĂ©niable aux jeunes qui contribuent Ă©normĂ©ment au dĂ©veloppement de leur commune et Ă  leur propre autonomisation.

Les jeunes percepteurs de taxes ont enregistré un record historique
« GrĂące au dynamisme qui caractĂ©rise nos jeunes percepteurs de taxes, le budget est passĂ© de 142 000 000Fbu en 2018 Ă  441 000 000Fbu en 2019, soit une augmentation de plus de 200%, affirme Wilson NDAYIRUKIYE, comptable de la commune Rugombo. Pour lui, la hausse des recettes communales est le fruit des efforts de ces jeunes. Wilson NDAYIRUKIYE affirme que grĂące au travail de plaidoyer, plus de 30 jeunes ont Ă©tĂ© recrutĂ©s dans diffĂ©rents secteurs de la vie communale. Au niveau du staff communal par exemple, Ă  part le Responsable de la comptabilitĂ© et du conseiller Technique chargĂ© des affaires administratives et sociales qui ont plus de 35 ans, les autres sont des jeunes y compris le nouvel administrateur communal qui a 33 ans. GrĂące Ă  cette jeunesse qui s’occupe de la gestion quotidienne de la commune Rugombo, les activitĂ©s sont trĂšs bien organisĂ©es et les rĂ©sultats parlent d’eux-mĂȘmes, reconnaĂźt Wilson NDAYIRUKIYE. Il affirme lui aussi que le mode de vie de ces jeunes percepteurs de taxes communales a changĂ© grĂące aux moyens financiers qu’ils en tirent. Aussi, il s’observe un mouvement d’adhĂ©sion massive aux coopĂ©ratives car ils sont solvables.

Les jeunes témoignent

« Je rĂ©ponds au nom Albertine NIYONSENGA, j’habite ici dans la commune Rugombo sur la colline Mparambo II. GrĂące au projet de lobbying et plaidoyer, je suis l’une des jeunes qui ont eu la chance d’ĂȘtre retenus au poste de percepteurs d’impĂŽts et taxes communales et je suis fiĂšre de l’ĂȘtre. Au dĂ©part, je croyais que cette mission est l’une des plus difficiles mais au fur du temps, je me suis habituĂ©e. En tant que jeune, je dois me donner corps et Ăąme pour contribuer au dĂ©veloppement de ma commune. Les recettes communales ont augmentĂ© et pour nous motiver, les autoritĂ©s communales nous donnent une ristourne qui nous aide Ă  rĂ©aliser des projets de nos rĂȘves. J’ai achetĂ© des champs et aujourd’hui, j’embauche des gens pour travailler dans mes champs de riz. Je lance un appel vibrant aux autres jeunes de se regrouper en associations pour pouvoir rĂ©aliser ensemble des projets de dĂ©veloppement.

« Je m’appelle Emmanuel NDAYIZIGIYE, j’habite dans la commune et province Cibitoke.
Depuis 2017, j’ai suivi des formations sur le lobbying et plaidoyer. J’ignorais le rĂŽle des jeunes dans le dĂ©veloppement des communes et du pays sans oublier leur autopromotion. On nous disait souvent que pour atteindre nos objectifs, nous devons obligatoirement collaborer avec l’administration communale. GrĂące Ă  notre plaidoyer auprĂšs de l’administration Ă  travers le comitĂ© dĂ©nommĂ© « Akadacika », beaucoup de jeunes ont eu l’opportunitĂ© d’occuper certains postes de responsabilitĂ© notamment les postes de percepteurs de taxes communales. Leur apport en matiĂšre de collecte des taxes communales n’est pas Ă  dĂ©montrer et les autoritĂ©s communales saluent les prestations sans faille de ces jeunes. Un autre changement que je peux signaler, c’est que la plupart de ces jeunes ont changĂ© de comportement. Ils ne frĂ©quentent plus les endroits de passe-temps qui sont souvent un lieu oĂč les gens apprennent de mauvaises habitudes comme par exemple le vol. Un autre rĂ©sultat de notre travail de plaidoyer c’est que beaucoup de jeunes ont pu Ă©lire et se faire Ă©lire. Lors des derniĂšres Ă©lections au Burundi, ont Ă©tĂ© nombreux Ă  ĂȘtre Ă©lus en tant que conseillers communaux et ils sont suffisamment reprĂ©sentĂ©s dans cet organe. J’invite ainsi les jeunes Ă  avoir le courage de militer pour leur cause au lieu de croiser les bras sous prĂ©texte qu’ils ne peuvent pas occuper tel ou tel poste sans ĂȘtre parrainĂ© ».

« Je m’appelle Jean Pierre IRAMBONA. J’habite la colline Mparambo I, commune Rugombo, province Cibitoke.
Je suis percepteur de taxes communales depuis bientĂŽt 2 ans grĂące au plaidoyer qui a Ă©tĂ© fait par nos pairs auprĂšs des autoritĂ©s communales. Nous avons eu la chance de suivre des formations qui ont Ă©tĂ© organisĂ©es par ADISCO Ă  l’endroit des jeunes en situation de chĂŽmage et des responsables communaux dans le cadre du lobbying et plaidoyer. Convaincus de notre rĂŽle dans le dĂ©veloppement, l’administration communale a pris la dĂ©cision de remplacer les vieux percepteurs de taxes par les jeunes qui ont encore de la force et qui ne sont pas animĂ©s d’un esprit de corruption. La tĂąche de percepteur de taxe n’est pas facile mais nous essayons d’expliquer aux contribuables le bien fondĂ© de payer les taxes. Les rĂ©sultats de notre travail sont palpables et nous sommes contents de contribuer au dĂ©veloppement de notre commune et faisons valoir notre autopromotion. Aujourd’hui, je possĂšde 3 chĂšvres et je vois que les choses Ă©voluent positivement ».